Concours public pour la réhabilitation de deux immeubles sur la commune d'Arzano (56). Un programme mixte entre commerces, logements et lieu commun, dont l'ambition locale fait écho à une problématique plus globale, celle de la revitalisation des centres bourgs en milieu rural.
Mission : concours
L’appel d’offres porte sur la réhabilitation de deux ensembles bâtis situés au cœur de la commune d’Arzano, dont l’un a fait l’objet d’une résidence de programmation active (PAF !) initiée par le CAUE 29, de mars à juillet 2024. C’est donc en partie sur ces travaux préliminaires, menés par Claire Beauparlant, socio-vidéaste, et Jérémy Gouellou, urbaniste-architecte, que s’est construite notre approche, en collaboration avec le cabinet mandataire Arnou Architectes.
Parmi les deux immeubles, l’un présente un intérêt particulier :
- Sur le plan historique, par l’empreinte qu’il a laissée dans la mémoire collective des habitants.
- Sur le plan urbanistique, puisqu’il occupe une place centrale sur l’axe principal de la commune.
- Sur le plan patrimonial, avec ses façades percées de baies en plein cintre et quelques modénatures qui font de ce petit patrimoine un bâtiment emblématique d’Arzano.
Au moment du concours, ce premier bâtiment (A) a été curé et offre donc une bonne visibilité des travaux à venir.
Le second immeuble (B) se situe de l’autre côté de la route et s’insère dans une bande continue de constructions plus modestes. Le rez-de-chaussée actuel se compose d’une épicerie et d’une maison ; les étages sont eux inoccupés.
Le préprogramme initial prévoyait une opération à tiroir : le déplacement provisoire de l’épicerie du bâtiment B vers le bâtiment A, la transformation et la remise aux normes du rez-de-chaussée du bâtiment B pour y créer une ou plusieurs cellules commerciales, ainsi que l’aménagement de logements à l’étage. Une fois ces travaux réalisés, le bâtiment A aurait été réhabilité à son tour, mais seulement en partie pour des raisons économiques. Le rez-de-chaussée, laissé brut, aurait été destiné à un porteur de projet ; l’étage, à une colocation ; les combles restant en l’état, non exploités.
La répartition des ressources financières était alors prévue de manière équilibrée, à 50/50 entre les deux ensembles bâtis.
Notre groupement de maîtrise d’œuvre a souhaité réinterroger ce préprogramme, comme nous y avions été invités lors de la visite des sites. Notre approche a consisté à simplifier l’opération en redistribuant les ressources selon les enjeux identifiés : rationaliser le développement pour sécuriser financièrement les objectifs face aux éventuels aléas liés à l'existant et valoriser le patrimoine arzanois.
Concrètement, cela s’est traduit par le choix de réhabiliter la totalité du bâtiment A et non la moitié comme prévu intialement. Un investissement plus lourd mais plus durable et plus rentable. Nous avons donc réattribué 70 % de l’enveloppe financière à ce bâtiment, qui accueillerait finalement les logements initialement prévus dans le bâtiment B.
Le rez-de-chaussée hébergera dans un premier temps l’épicerie, première activité test dans la perspective d’un développement futur. Cette salle polyvalente, rendue traversante, pourra en effet accueillir diverses activités — économiques, associatives, culturelles ou événementielles — dans la continuité de son histoire. L'intevention tend ici à limiter la part du second oeuvre en se concentrant sur les menuiseries et un comptoir adosser à une travée technique.
La distribution des niveaux supérieurs est déplacée dans cette travée d’origine, plus étroite, afin d'optimiser les surfaces et de redonner sens aux façades. L’étage reprend l’un des scénarios proposés lors de la résidence : calquer sur les travées « nobles » quatre cellules, quatre « espaces capables » équivalents à des T1, pouvant servir de logements ou d’ateliers. En fonction des besoins identifiés au cours des études, il serait possible d’adapter ces surfaces pour former par exemple un T3 et deux T2, ou deux T3. Cette approche simple, flexible et réversible est rendue possible par une distribution extérieure via une coursive et un escalier déporté sur le pignon.
Les combles, quant à eux, sont adaptés à une partie du programme cher à la commune : une colocation de trois chambres.
L’intervention sur le second bâtiment (B) est réévaluée à hauteur de l’enveloppe restante (30 %) et consiste principalement en la création de trois cellules commerciales au rez-de-chaussée, dont une pour l’épicerie. L’étage et les combles sont curés afin de livrer l’opération avec une meilleure visibilité sur les travaux à prévoir pour une transformation future.
En conclusion, notre approche visait à optimiser le calendrier de l’opération, sécuriser l’enveloppe financière face aux aléas, tout en réorientant les objectifs et les moyens en cohérence avec les enjeux identifiés.
Equipe de maîtrise d'oeuvre : ARNOU architectes (mandataires), Rupin Conq Architecture (associé) et NOVAM (BETC).